Quand l’espace rencontre les rails : une collaboration CNES-SNCF pour un ferroviaire durable et innovant
Le 14 novembre 2024, à Toulouse, le CNES (Centre National d’Études Spatiales) et le groupe SNCF ont signé un accord-cadre renforçant leur coopération pour l’intégration des technologies spatiales dans la gestion des infrastructures et des services ferroviaires. Cet engagement repose sur trois axes principaux : l’observation de la Terre, la connectivité et la géolocalisation, et ambitionne de renforcer l’efficacité, la résilience et la durabilité du secteur ferroviaire.
Suivi des infrastructures critiques
Les satellites d’observation de la Terre offrent des capacités précieuses pour la surveillance des infrastructures ferroviaires. Par exemple, l’interférométrie radar permet de détecter des anomalies structurelles ou des mouvements de terrain avant qu’ils n’impactent l’exploitation.
Applications concrètes :
- Prévention des glissements de terrain : grâce à l’imagerie satellitaire, il est possible d’identifier les zones à risque, comme les glissements de terrain ou les affaissements, afin d’intervenir avant qu’ils n’impactent l’exploitation.
- Réponse aux risques climatiques : les données spatiales contribuent à évaluer l’impact de phénomènes tels que les feux de forêt ou les dégradations dues aux conditions météorologiques extrêmes, permettant une meilleure gestion des infrastructures face au changement climatique.
Des données comme celles des satellites Sentinel-1, qui permettent une détection millimétrique des mouvements du sol, renforceront l’efficacité de ces actions préventives.
La géolocalisation hybride pour une précision accrue
Un défi majeur pour la gestion du ferroviaire réside dans la localisation précise et continue des trains, notamment dans des environnements difficiles comme les tunnels ou les zones isolées.
Solutions proposées :
- Hybridation technologique : en combinant des technologies comme les systèmes globaux de navigation par satellite, les centrales inertielles et la cartographie enrichie, il est possible de garantir une localisation en temps réel, même dans des zones « blanches ».
- Satellites Galileo : ces satellites de navigation apporteront une précision supérieure, essentielle pour réguler et sécuriser le trafic ferroviaire.
Cette approche permettra à la SNCF de mieux gérer le trafic, d’assurer un suivi continu des trains et de réduire les interruptions dues à des pertes de signal.
Connectivité : pallier les zones blanches grâce au spatial
Les zones non couvertes par les réseaux terrestres représentent un autre défi pour le ferroviaire. Les solutions satellitaires viendront ici compléter les infrastructures terrestres pour assurer une connectivité continue.
Applications :
- Couverture des zones isolées : les satellites garantiront une couverture dans les régions reculées, là où les réseaux terrestres sont insuffisants.
- Communication sécurisée : en cas d’urgence ou de maintenance, les solutions spatiales offriront des liaisons fiables et sécurisées pour les équipes au sol.
Cette coopération permet également d’envisager des améliorations pour les services passagers, comme l’accès à l’Internet haut débit à bord des trains dans des zones où la couverture réseau est limitée.
Un partenariat stratégique pour un rail durable
Depuis 2016, le CNES et la SNCF collaborent pour intégrer les technologies spatiales dans la gestion des infrastructures ferroviaires. Ce nouvel accord marque une étape majeure, renforçant cette coopération dans une vision à long terme. L’objectif : accélérer la transition vers un ferroviaire plus durable, résilient et performant, grâce à des technologies avancées comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité et la digitalisation.
Ce partenariat ouvre la voie à des solutions novatrices : localisation ultra-précise, gestion des risques climatiques, et optimisation des infrastructures, contribuant à une mobilité plus sûre, efficace et respectueuse de l’environnement.
Lionel Suchet, Directeur général délégué du CNES, résume ainsi cette vision :
« Le spatial peut sembler éloigné de nos préoccupations quotidiennes, mais les données qu’il produit sont présentes dans de nombreux secteurs clés, comme celui du transport ferroviaire, au service de la durabilité et de la résilience. »
Ce projet incarne une nouvelle ère où le rail et l’espace conjuguent leurs forces pour bâtir les infrastructures intelligentes de demain.
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