SWOT a observé la houle cyclonique générée par l’ouragan Erin en août 2025

Une houle qui traverse l’Atlantique
De nombreux types de vagues parcourent nos océans. On a tendance à se focaliser sur les plus hautes, mais de plus petites vagues, occupant tout un bassin océanique peuvent se révéler dangereuses à la côte, et sont par ailleurs révélatrices de phénomènes plus extrêmes et plus temporaires – donc plus difficiles à observer.
Le 26 août 2025, Météo France émettait une alerte pour forte houle sur les côtes atlantiques de la France. Cette houle due à l’ouragan Erin était bien prévue par les modèles de vagues mais elle a aussi été mesurée par différents satellites, dont SWOT (NASA/CNES/ASC/UKSA) et CFOSat (CNES/CNSA).
La fin de l’été de l’hémisphère nord est le pic de la saison des ouragans dans l’Atlantique. Ils font généralement leurs plus gros dommages sur les côtes est de l’Amérique du Nord et Centrale. Mais parfois certains de ces cyclones tropicaux poursuivent jusqu’aux côtes européennes tout en s’atténuant. La houle qu’ils produisent, c’est à dire les vagues créées par leurs vents et qui continuent leur chemin une fois sorties de leur influence directe, peut se propager dans la totalité de l’Atlantique Nord, y compris depuis les Caraïbes et jusqu’aux côtes françaises. Cette houle est donc un moyen de détecter, et estimer par le calcul éventuellement, la hauteur des vagues de tempêtes passées depuis quelques jours et/ou lointaines. Les vagues des tempêtes non tropicales, comme celles qui touchent fréquemment la façade atlantique de la France en hiver, sont également mesurables de cette façon.
La houle observée par SWOT
L’ouragan Erin a ainsi été suivi par de nombreux satellites, tant au niveau de son maximum du côté ouest de l’Atlantique que de ses suites près de l’Europe. Les mesures de hauteur de mer du satellite SWOT, en particulier, sont tellement précises que l’on peut voir des houles dès 3 cm de hauteur de vagues avec des distances entre deux vagues de 500 à 1500 m. Sur des cartes de hauteur de mer (voir Figure ci-dessous), on observe ainsi sur le zoom des fauchées KaRIn, des successions de longues et fines lignes parallèles correspondant aux creux et aux crêtes de la houle, un peu comme de gigantesques empreintes digitales. Et comme des empreintes digitales, elles peuvent servir à identifier « l’auteur » de la houle. Ici, on le connait – les restes de l’ouragan Erin. Mais ça n’est pas toujours le cas, surtout quand les tempêtes ont eu lieu en plein Océan Pacifique, et connaître les caractéristiques d’un nombre maximal de tempêtes permettra leur meilleure modélisation. De telles données permettent de confirmer la qualité des prévisions, mais aussi de mieux connaître ces phénomènes, notamment leurs amplitudes, direction, et période, et la fréquence à laquelle ils ont lieu, et ainsi d’améliorer leur prévision.

Crédits : CNES/CLS/LOPS
Références
- Ardhuin, F., Molero, B., Bohé, A., Nouguier, F., Collard, F., Houghton, I., et al. (2024). Phase-resolved swells across ocean basins in SWOT altimetry data: Revealing centimeter-scale wave heights including coastal reflection. Geophysical Research Letters, 51, e2024GL109658. https://doi.org/10.1029/2024GL109658
- Ardhuin F., M. De Carlo, A. Ollivier, A. Nigou, Altimetry and the many scales of the ocean surface elevation: wave heights, wave groups, skewness, and sea level « noise”, « 30 years of progress in radar altimetry Symposium, Montpellier, France, 2-7 September 2024

